Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE PANIER D'OSCAR
LE PANIER D'OSCAR
  • Attention, les sites soi-disant similaires recensés ci-dessus par Google sont sous sa seule, unique et totale responsabilité. Bien qu’apparemment ressemblants, ils peuvent être totalement opposés à mes choix politiques
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
7 janvier 2007

A Dominique de l'assemblee des voisins

Cher Dominique,

Une des premières réussites à mettre en valeur est que la lutte des sans papiers aujourd'hui s'est trouvé une place sur la scène des revendications politiques et sociales au niveau national. Ceci est une "Victoire" pour un combat durement mené par les collectifs des sans papiers et grâce à leur soutien depuis 2 ans.

En deuxieme lieu, il y a les élections fédérales dans 5 mois et il faut trouver une stratégie pour relancer la pression.

Un rendez-vous a été fixé par la classe politique (MR. PS. VLD. SPa) en juin dernier en vue de mettre la régularisation sur la table des négociations en 2007. Le challenge consiste à leur faire tenir cette promesse et ça ne sera pas chose facile. Une pression importante sera nécessaire et produire l'énergie suffissante pour s'y tenir sera une autre paire de manche.

Le rapport de force est, à mon sens, l'élément stratégique pour les prochaines mobilisations. Pour que celui-ci soit effectif, le mot d'ordre doit être unitaire et compréhensible par un maximum de personnes sans papiers.

Si tu demandes à la Crer sa position sur ce point, nous l'avons clairement expliqué dans nos derniers communiqués. Peut-être que notre vision de ce qu'il faut faire est différente de la vôtre, mais c'est notre avis surtout au vue de notre constat 2006 et bien sûr il n'engage que nous.

Pour atteindre nos objectifs en 2007, le seul message valable est celui qui représente les sans papiers dans leur ensemble et non au cas par cas. C'est eux les premiers concernés, c'est à eux à énoncer les stratégies potentiels à mettre en place.

Par rapport à notre débat et nos petits conflits, je pense que les responsables ne sont ni les sans papiers, ni les groupes de soutien, ni nos définitions de la réalité.  C'est l'ETAT qui nous pousse les uns contre les autres, en se jouant de nous et en nous culpabilisant de ses propres décisions, montrant ainsi une population belge non solidaire, non accueillante ou socialement injuste.

La seule alternative qui nous reste est celle de l'engagement, organisé et intelligent, pour nous opposer et mettre en pratique "notre droit" à la résistance.

Néanmoins, je voulais te partager ma vision en ce qui concerne les prochains mois ;

Janvier et février 2006 ont été marqués par des manifestations jamais vues encore pour la "régularisation" des sans papiers. A mon sens, plusieurs éléments déclencheurs sont à l'origine d'un tel phénomène : l'occupation de l'église St. Boniface (Octobre 2005), le projet de loi UDEP (décembre 2005), le projet du Ministre de l'Intérieur visant à enfermer plus d'enfants sans papiers dans les centres fermés, les menaces de celui-ci envers les démarches de soutien à l'égard des sans papiers (janvier 2006), ... et j'en passe !

J'ai décrits ces faits pour rappeller que le mouvement questionne et revendique des droits, que ces requêtes sont une succession de bras de fer avec l'autorité politique et que malgré les coups reçus,... rien ne change pour notre lutte... seuls, les papiers comptent.

Je pense que la vrai question est : quel sera l'élément déclencheur qui va pousser toutes ces personnes à bouger à nouveau ?

Personnellement, je pense que la manière de traiter l'information et la réaction/mobilisation est un des facteurs clefs.

Est-ce que parce qu'on entend pas les cris des sans papiers emprisonnés dans les centres fermés, on peut dire qu'il existe moins de violence et de souffrance dans le quotidien de ces centres et lors des expulsions ?

La violence est en évolution constante et permanente. Nos visiteurs le constatent à chaque fois, le rapport des associations visiteuses le dénonce, "la torture physique et psychologique est une des conséquences de la politique d'immigration dirigée par le gouvernement actuel".

Ces éléments peuvent être utilisés ou ignorés.

Alors soit on les minimise et on cherche une manière douce pour les "humaniser" ou soit on les dénonce et on s'en sert comme une arme politique, morale, éthique pour revendiquer la régularisation. C'est un choix. Et en l'occurence, le mien!

Si le Gouvernement décide de régulariser d'après des critères précis (???)  : 3 ans pour les familles, 4 ans pour les célibataires par exemple... est-il juste que ce dernier s'il est arrivé sur notre territoire, il y a 3 ans et 364 jours soit enfermé, expulsé ou envoyé à la clandestinité ?

Pouvons-nous en toute impunité décider de qui a le droit de vivre ici ou pas ?

Je ne pense pas que ce soit de notre compétence, le croire serait pêché d'arrogance. Je pense que le seul droit que l'on peut revendiquer est celui de la révolte devant autant d'injustice, devant autant d'hypocrisie !!

Je ne pense pas que nous devions être responsables des actes honteux posés par nos hommes politiques et par leurs partis mais nous sommes responsables si nous ne crions pas les injustices et l'antidémocratie qui en découlent.

Dans nos démocraties représentatives, les décisions des classes politiques au pouvoir sont indépendantes des désirs de leur population et l'Etat Belge n'est pas si différent des autres états occidentaux en la matière. D'ailleurs, les politiques européennes en matière d'immigration sont décidées par les états membres et quand 30 millions d'euros sont débloqués par l'Europe pour payer des charters d'expulsions massives, l'Etat Belge en est aussi.

Si il existe des endroits pour enfermer des personnes qui n'ont rien fait, notre rôle est de crier assez fort notre indignation et d'exiger leur suppression.

Si dans ces endroits, on torture et on viole les droits de l'homme, notre rôle est de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'on arrête ces pratiques barbares.

S'il existe des milliers de personnes sans droits à l'éducation, à la santé, au logement et au travail, notre rôle est de vaincre l'indifférence et de trouver les mots justes pour rallier des forces à notre combat contre l'injustice.

Je pense que toute la question vient du point de vue qu'on choisit pour admirer, construire ou changer le monde.

D'après mon analyse et mon expérience, c'est le modèle économique qui est responsable des injustices sociales, pas seulement de ces milliers de personnes sans droit mais aussi de tous ceux qui voudront le changer.

Le licenciement de milliers de personnes en Belgique et partout en Europe n'est pas chose étrange pour les actionnaires des grandes multinationales quand leurs milliards de profit sont en légère baisse et on ne se soucie guère de la misère sociale que cela engendre pour ces victimes.

Aujourd'hui, ces réformes touchent une partie de la population, peut-être pas assez pour nous envoyer tout droit à une crise économique mais quand ces mêmes multinationales déstabilisent l'économie d'un pays en Amérique Latine ou en Afrique et que tout d'un coup des milliers de personnes se voient forcés de fuir pour sauver leur peau, on a encore le culot de les traiter de profiteurs quand ils débarquent démunis et déracinés dans nos pays!!

L'Europe construit un grand mur pour se protéger, pour empêcher les indésirables d'entrer et quand certains parviennent à gravir le mur, on les maintient dans l'esclavage de la clandestinité, ou on crée des critères séléctifs en rejetant la responsabilité de tout ça sur la population.

De la même manière qu'on nous dit que la fonte des pôles est notre faute à tous, on nous culpabilise avec un discours sécuritaire et on nous fait croire que si les "dangereux étrangers" nous envahissent demain ça sera de notre faute !!

Pour les natifs qui ne sont pas d'accord et qui on dépassé la peur, des lois "de suspicion terroriste" ou alors "des méthodes particulières d'enquête" ont été créées, car "la menace vient aussi de l'intérieur", alors on va se protéger aussi de ceux-là et les moyens mis en place pour y arriver sont considérables.

Dernièrement, sur le territoire belge, on a vu un jeune homme "Belge" condamné et emprisonné, accusé de terrorisme parce qu' il avait traduit un texte qui dénonçait les responsables du système. Il n'a pas écrit ce texte mais juste traduit et pour ce fait, il porte désormais le titre de "Prisonnier politique".

Je pense que notre lutte n'est pas si différente de celle des ouvriers d'une entreprise délocalisée ou contre la guerre au Moyen-Orient, la seule différence est la perspective qu'on se donne et la manière de la mettre en application.

Pour beaucoup de gens, il serait plus simple de vider les revendications de leurs contenu, d'effacer tout ce que je viens de dire en disant que le destin fera bien les choses et que demain sera fait de jours meilleurs.

Mais nous savons que le destin n'a rien à voir avec tout ça et que demain n'apportera que ce que nous voulons bien y mettre. Il nous faut être acteur de notre demain, le porter, le construire. Il ne sert à rien de se faire peur avec des  "appels d'air" ou des "avenirs hypothétiques", avec notre réalité nous avons déjà bien de quoi nous occuper.

Bon courage!!

Oscar

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité